spectacle annulé |
vendredi 3 décembre durée : 1H05 |
crédit photo : Tristan Jeanne-Valès
Elle est une figure de tragédie, une statue qui chante.
Parce qu’elle avait la peau noire, Nina Simone n’a jamais pu devenir pianiste concertiste : une humiliation.
Dans le portrait qu’il présente d’elle, l’auteur-metteur en scène-musicien David Lescot n’a pas voulu de piano sur scène. Seulement une guitare, dont il joue lui-même, et le jeu – parfois malicieux – des questions.
Pour y répondre, les chansons de Nina Simone, une partition magnifique pour la voix puissante et profonde de Ludmilla Dabo.
Charnelle, voluptueuse, incandescente, l’actrice-chanteuse se glisse dans la peau de Nina Simone, se fond en elle et lui donne toute sa force dramatique, sa vérité tragique : diva de la soul à la voix d’or, combattante des droits civiques, femme blessée à la terrible destinée.
Une évocation vibrante et juste où les figures et les parcours de la chanteuse et de la comédienne finissent par s’entrelacer et se superposer. Dans un jeu de miroir se dessine alors un double portrait qui interroge, avec finesse, la place des minorités dans le milieu artistique.
Un spectacle subtil, vivant et joyeux, au message puissant.
Le Portrait de Ludmilla en Nina Simone fait partie des huit portraits-spectacles présentés par le Centre Dramatique National de Normandie. Ils redonnent vie à des figures, des personnalités ayant marqué, dans le passé proche ou lointain, par leur art, leur pensée ou leur action, le monde d’aujourd’hui.
Une pépite, qui fait renaître la figure de l’iconique Nina Simone. Plus politique qu’il n’y paraît, ce spectacle économe est emblématique de ce dont le théâtre est capable lorsqu’il conjugue éthique et esthétique.
Télérama