YVONNE PRINCESSE DE BOURGOGNE |
Samedi 11 avril durée : 2h |
crédit photo : Dominique Valles
par la Compagnie Narcisse (Île-de-France)
Mise en scène : Anne Barbot
Avec Aurélie Babled, Cédric Colas, Daniel Collados, Benoît Dallongeville, Alexandre Delawarde, Audrey Lamarque, David Lejard-Ruffet, Fanny Santer, Benoît Seguin, Marie-Céline Tuvache, Luciana Velocci Silva,
Collaboration artistique : Alexandre Delawarde
Assistanat mise en scène : Malgorzata Kasprzycka
Masques : Yngvild Aspel
Scénographie : Charlotte Maurel
Musique : Vincent Artaud
Lumières : Fabrice Bihet
Chorégraphie : Jean-Marc Hoolbecq
Costumes : Bruno Marchini de l'Atelier de Costumes du Studio-Théâtre d'Asnières
Régie générale, régie lumière : Fabrice Bihet
Régie son/plateau : Flavien Querre
Production déléguée : Théâtre Romain Rolland de Villejuif. Coproduction : Cie Narcisse, La Grange Dîmière, Théâtre de Fresnes, ECAM - Le Kremlin-Bicêtre. Soutiens : DRAC Île-de-France, Adami, Conseil Général du Val-de-Marne, Mairie de Villejuif, Jeune Théâtre National, Théâtre 13 - Paris, CFA du Studio-Théâtre d'Asnières.
Plaisanterie ? Provocation ? Scandale à la Cour de Bourgogne : le prince Philippe demande en mariage Yvonne, roturière sans charme et muette ! Etrangère aux faux semblants et à l'hypocrisie de la Cour, la fiancée est rétive à tous ses codes et protocoles. Sa présence apathique ne tarde pas à mettre en lumière la part d'ombre de chacun, secrets et fantasmes se révèlent, les masques tombent, Yvonne devient gênante...
La mise en scène, très étudiée, joue sur les masques, sur le noir et blanc, mêle bouffonnerie et codification gestuelle pour faire des personnages masqués de piètres automates parmi lesquels un visage nu et sans apprêt détone, celui d'Yvonne. Progressivement, musique, costumes, langage, gestuelle se modifient : les artifices de la Cour et de sa comédie se disloquent...
Anne Barbot, assistante de Paula Giusti pour Le grand Cahier d'Agota Kristof accueilli récemment, ose, pour sa première mise en scène, un pari hardi : fusionner la commedia dell'arte et le théâtre No. Les lumières en clair-obscur, les étonnants masques en T, les costumes d'inspiration élisabéthaine dégagent une froideur d'une impeccable esthétique parfaitement adaptée au propos, une interrogation brillante et féroce sur « les réactions face à la différence : exclusion, assimilation, intégration forcée, désintégration, élimination ».
Emouvant, dérangeant, ce spectacle d'une grande beauté ne peut laisser le spectateur indifférent !
Cette Yvonne princesse de Bourgogne du Polonais Gombrowicz arpente les chemins obscurs de l'inconscient, dans un mélange détonant de rire et de cruauté... Dix comédiens l'interprètent, tous affublés de masques grotesques et fardés de blanc, à l'exception de Fanny Santer, bouleversante Yvonne enfermée dans son mystère et son silence.
La Croix
Du beau travail servi par une bande d'acteurs qui ne jouent pas à l'économie. C'est généreux, drôle, cruel. Car derrière le grotesque, Anne Barbot a su déceler le tragique, le désespoir qui se niche derrière les éclats de rire.
L'Humanité